p. 4
Sinaiticus a text which is essentially the same as Athous
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L’affaire prit un tour décisif en 1859, lorsque Tischendorf lui-même découvrit le Codex Sinaïticus du IVe siècle, qui comporte le premier quart du Pasteur dans un texte qui est essentiellement le même que celui du Codex Athous. Il retira alors sa théorie d'une rétroversion médiévale, mais il refusa de reconnaître avoir commis une faute, en tant qu’il prétendait qu'un certain nombre de passages avaient été révisés d’après une version latine2.
The matter took a decisive turn in 1859, when Tischendorf himself discovered the fourth-century Codex Sinaiticus, which features the first quarter of the Pastor in a text that is essentially the same as that of the Codex Athous. He then withdrew his theory of a medieval retroversion, but he refused to admit that he had made a mistake, as he claimed that a number of passages had been revised from a Latin version.
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Here we may have the Tischendorf accusation of retroversion
2 Voir, entre autres, Dressel,
Patrum Apostolicorum Opéra2, pp III-IV Dès 1856, il avait soumis cette idée à ceux qui ne pourraient admettre sa thérie d'une rétroversion (
Hermae Pastor, p XV = 1857, p LIV)
2 See,
among others,
Dressel, Patrum Apostolicorum Opéra2, pp III-IV From 1856, he submitted this idea to those who could not admit his theory of a retroversion (
Hermae Pastor, p XV = 1857, p LIV)
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Les deux interprétations de Tischendorf n’ont, en général, suscité aucune réaction si ce n’est des réactions négatives. Le seul à se ranger à son avis fut l’Écossais Donaldson. Il commença par reprendre la théorie de la rétroversion et refusa même de l’abandonner lorsque Tischendorf y renonça. Il se débarrassa du Codex Sinaïticus en le reléguant à une époque plus tardive que le IVe siècle 3. Plus tard, tout comme Tischendorf, il mitigea la théorie, mais en la compliquant considérablement à d'autres égards. Tout bien considéré, il estima alors que l’hypothèse la plus vraisemblable était :
The two interpretations of Tischendorf have, in general, elicited no reaction except negative reactions. The only one to agree with him was the Scotsman Donaldson. He began by taking up the theory of retroversion and even refused to abandon it when Tischendorf renounced it. He discarded the Codex Sinaiticus, relegating it to a time later than the fourth century. 3 Later, like Tischendorf, he mitigated the theory, but considerably complicated it in other respects. All things considered, he felt that the most likely hypothesis was:
English
«that we have, as the basis of our present Greek manuscripts, a recension and modernized version belonging to the sixth or seventh century, and that the editor used all the materials at his command, having probably in his possession large portions of the original text, but filling up gaps from some Latin translation, introducing parts from some modifications of the text, such as those of pseudo-Athanasius, and clothing the whole in the language current among the Christian populace of his day»4. (Donaldson 1877)
Dans la formation de son point de vue, Donaldson a-t-il été influencé, lui aussi, de façon négative par le personnage de Simonidès? Simomdès, en tout cas, lui fit des avances avec ce qu’il disait être la fin grecque du Pasteur. Donaldson pourtant flaira aussitôt le faux et lorsque, dans les années 80, cette fin donna lieu, une fois de plus, à une polémique en Allemagne, il fit savoir dans une lettre à Harnack ce qui lui était arrivé1.
In forming his point of view, was Donaldson, too, negatively influenced by the character of Simonides? Simomdes, in any case, made advances to him with what he said was the Greek end of the Pasteur. Donaldson, however, immediately sniffed out the forgery and when, in the 1880s, this end once again gave rise to controversy in Germany,
he made it known in a letter to Harnack what had happened to him
1.
I. A. Harnack,
Die Wiederauffindung der Athoshandschrift des Hirten des Hermas, Theologische Literaturzeitung 13, 1888, col (303-305)
Theologische Literaturzeitung, Volume 13
https://books.google.com/books?id=WogfAAAAYAAJ&pg=PA303
Dans les discussions que nous venons de résumer on avait utilisé trois groupes d'arguments: mots et formes de mots tardifs, passages qui, en latin, semblaient plus originaux qu’en grec (comme la formule;
(Greek) et latinismes véritables. Nous ne nous arrêterons pas longtemps aux deux premiers groupes: les mots et les formes tardives venaient de fautes dans les copies de Simonidès ou s’avérèrent en fin de compte des formes plus anciennes qu’on ne l’avait cru; quant aux «passages traduits», ils s’expliquaient aussi bien ou mieux d’une autre manière. En ce qui concerne les latinismes, la plupart de ceux qui s’occupaient de la question ne signalaient comme tels dans le texte d’Hermas que les emprunts de vocabulaire. Tischendorf mentionna en outre des phénomènes comme l’asyndète,
(Greek) dans la fonction
d'inquit, le génitif absolu là où on s’attendrait à un
participium coniunctum et une ou deux expressions dont nous ne parlerons pas ici
2.
In the discussions that we have just summarized, three groups of arguments were used: late words and word forms, passages which, in Latin, seemed more original than in Greek (like the formula
(Greek); which we have already quoted ) and true Latinisms. We shall not dwell long on the first two groups: the later words and forms came from mistakes in the copies of Simonides or ultimately turned out to be older forms than had been believed; as for the “translated passages”, they were explained as well or better in another way. With regard to Latinisms, most of those who dealt with the question only indicated as such in the text of Hermas the borrowings of vocabulary. Tischendorf further mentioned such phenomena as asyndetus,
(Greek) in the function of inquit,
the genitive absolute where one would expect a participium coniunctum, and one or two expressions which we will not discuss here.
2
Entre-temps, on avait retrouvé non seulement la plus grande partie du texte grec, mais aussi une deuxième version latine, dite Palatine, et une version éthiopienne qui furent publiées l’une en 1857 par Dressel, l’autre en 1860 par Abbadie
3. Mettant à profit ces trouvailles, Hilgenfeld prépara la première édition vraiment critique du
Pasteur, qui parut en 1866
4. On disposait maintenant d’un instrument de travail pratique. Du même coup se trouvait dépassé le stade de la vraisemblance d’une rétroversion: les latinismes pouvaient être étudiés sous un jour meilleur. Deux questions se posaient: quels latinismes trouve-t-on dans le
Pasteur? Comment faut-il les expliquer si leur présence n’est pas due à une traduction trop littérale d’un texte latin qui, à son tour, serait une traduction du texte grec original?
In the meantime, we had found not only most of the Greek text, but also a second Latin version, called Palatine, and an Ethiopian version, one of which was published in 1857 by Dressel, the other in 1860 by Abbadie
3. Taking advantage of these discoveries, Hilgenfeld prepared the first truly critical edition of the
Pasteur, which appeared in 1866.
4 We now had a practical work tool. At the same time,
the stage of the likelihood of a retroversion was exceeded: Latinisms could be studied in a better light. Two questions arose:
what Latinisms do we find in the Pasteur? How should they be explained if their presence is not due to a too literal translation of a Latin text which, in turn, would be a translation of the original Greek text?
1. A. Harnack, Die Wiederauffindung der Athoshandschrift des Hirten des Hermas, Theologische Literaturzeitung 13, 1888, col (303-305) 305.
2. Voir Anger,
Hermae Pastor, p.XXIII; Dindorf-Anger,
Nachtràgliche Bernerkungen, p. 131; Tischendorf,
Hermae Pastor, pp.XIII-XIV (= 1857, pp. LII-LIII; ici, en outre, l’addition p.LV, n.12, 3e alinéa); Lipsius, compte-rendu de Ae. Fr. C. Tischendorf,
Hermae Pastor graece, col.746.
3.
Palatine: Dressel, P
atrum Apostolicorum Opera1, pp 409-571 (pages impaires). Version éthiopienne: A. d’Abbadie,
Hermae Pastor, aethiopice primum edidit et aethiopica latine vertit, Lipsiae 1860.
4. A. Hilgenfeld,
Hermae Pastor, Lipsiae 1866.
p. 6
Pour la première question, si l'inventaire que Tischendorf avait commencé fut contesté sur certains points, il prit néanmoins petit à petit plus d’ampleur
1. Quant à la deuxième question, elle ne reçut qu’un petit nombre de réponses, et encore le plus souvent d’une façon rudimentaire. Zahn, Caspari, Baumgârtner et Debrunner semblent considérer que l’auteur avait comme langue le grec, mais qu’il a été influencé par son entourage latin de Rome
2. D’autres le virent comme un auteur dont la première langue est le latin et qui ne peut s’en départir complètement lorsqu’il utilise le grec. Dès 1856, Lipsius notait incidemment: «Wir wollen hierbei nicht die Frage aufwerfen, ob denn bei einem Griechisch schreibenden Rômer einzelne Latinismen wirklich etwas ganz unerhôrtes wàren»
3. Après lui, cette opinion fut exprimée, mais avec plus de prudence, en 1877, par Donaldson et, en 1920, par C. H. Tumer
4. Mais ce n’est qu’en 1949 que Christine Mohrmann lui donna un fondement circonstancié
5.
For the first question, if the inventory that Tischendorf had started was disputed on certain points, it nevertheless gradually took on greater scope
1. As for the second question, it received only a small number of answers, and still mostly in a rudimentary way. Zahn, Caspari, Baumgârtner and Debrunner seem to consider that the author had Greek as his language, but that he was influenced by his Latin entourage in Rome
2. Others see him as an author whose first language is Latin and who cannot completely depart from it when using Greek. As early as 1856,
Lipsius noted incidentally: “We don't want to raise the question of whether individual Latinisms would really be something completely outrageous for a Roman writing in Greek”
3. After him, this opinion was expressed, but with more caution, in 1877, by Donaldson and, in 1920, by C. H. Tumer
4. But it was not until 1949 that Christine Mohrmann gave it a detailed basis
5.
1. Voir Th. Zahn,
Der Hirt des Hermas untersucht, Gotha 1868, p.487, n.2;
C. P. Caspari,
Ungedruckte, unbeachtete und wenig beachtete Quellen zur Geschiehte des Taufsymbols und der Glaubensregel, III, Christiania 1875, note p.298 ;
Fr. Blass,
Grammatik des Neutestamentlichen Griechisch, Gottingen 1896, pp.33 (n.i), 76, 225 (n.2);
E. Preuschen, V
ollstândiges Griechisch-Deutsches Handwôrterbuch zu den Schriften des Neuen Testaments und der übrigen urchristlichen Literatur, Giessen 1910, s.w. Ilb et jivria 1;
A. Debrunner dans Fr. Blass-A. Debmnne
r, Grammatik des neutestatnentlichen Griechisch, Gottingen 19134, § 197 et 1931*, § 347* et 3604; C. H.
Turner,
The Shepherd of Hermas and the problem of its text, The Journal of Theological Studies 21, 1920, p.(i93-209) 198;
M. Dibelius,
Der Hirt des Hermas, Tübingen 1923, p.435;
Chr. Mohrmann,
Les origines de la latinité chrétienne à Rome, Études III, pp.(67-126) 75-76;
W. Coleborne,
A linguisiic approach to the problem of structure and composition of the Shepherd of Hermas, dissertation non publiée, Newcastle, N.S.W. 1965, pp. 49, 227, 372, 377, 382, 420, 439, 444. 592-593-
2. Zahn, Hirt, p.487; Caspari, Quellen, note p.298; P.Baumgartner, Die Einheit des Hermas-Buchs, Freiburg i.B. 1889, p.50; Blass, Grammatik, p.33 n.i.
3. Lipsius, compte-rendu de Ae. Fr. C. Tischendorf, Hermae Pastor graece, col. 746.
4. Donaldson, Shepherd, p.512. Mais p.514 cette opinion a fait place à celle dont nous avons parlé plus haut p.4. Tumer, Shepherd, p. 198.
5. Mohrmann, Origines, pp.74-78.